mardi 14 décembre 2010

mardi 16 mars 2010

SABIR POST INCANTATVM

où quelque feuillage vint à glisser au vent juste devant son torse que le rire mué nimbait de stries pubères

la grande aile nord dont les gardes craignaient qu'elle regorge de prostitués venus des pays pauvres qui étaient dotés de sexes non seulement grands mais larges, si larges que les bouches ne pouvaient les accueillir que quelques instants, pendant la branlée de l'heure bleue, juste avant que s'éteignent les lumières des ciels - sitôt joui ces troncs d'arbre faisaient l'effet de pilules à vomir, un coup de trop et l'on rendait le déjeuner et toute la charcuterie

au moins leurs GLANDS avaient l'avantage de n'être pas fungiques, c'est-à-dire "en forme de champignon" (dictionnaire Le Bernard, 2010), comme ceux de beaucoup hélas de Français, dont le sexe semblait être une vipère, corps fin et étroit mais tête triangulaire, serpentine, agressive

dont le bord d'ailleurs rouge semblait un ourlet que le prépuce découpé agaçait à chaque mouvement : base soulignée d'une auréole violacée, dégueulasse : non, les bites incirconcises, par pitié, elles seules !, avaient de l'esthétique

bien sûr je ne nierai pas bien sûr que leurs façons de parler étranger et leurs sapes mal dégrossies les rendaient sexys, leur vulgarité mâle et leur grosse bite putain, leur grosse bite ! qui par magie sentait la lessive ! comme quoi la slavité les poursuivait jusque dans leurs odeurs - quoi de plus acide et amer que la slavité ? disait toujours Euclide comme l'odeur de la lessive

ils avaient cependant toujours un défaut au visage, une dent manquait ou une coiffure qui gâchait tout, empêchant toute érotisation d'ailleurs, car comment désirer si l'objet ne ressemble pas à un jeune bourgeois à frange insolent mais passif ? dont le phallus réside en fait dans le cul ? aussi incroyable que ça puisse paraître ? c'est à dire que son pouvoir se dessine en deux demi-cercles qui joignent tronc et jambes en un système harmonieux ? COMMENT ? Qu'on me donne la solution ! Qu'on me la dise, la solution ! Hein ? Ah, ils sont bien en peine de répondre, ces salauds ! Ah les salauds ! Les cons ! Ils sont cons ! Mais c'qu'ils sont cons ! C'est pas croyab' ! Alors ? Ah tu réponds pas ? Ah t'as rien à répondre, mh ? Cons ! S'cons !

(Moi j'vais t'la dire la réponse : on peut pas ! On peut pas ! On peut pas, on peut pas ! On peut pas désirer ! On peut pas ! On peut pas, si y'a pas ! On peut pas si y'a pas la comparaison possible, enfin, la ressemblance, avec un Français aux cheveux mi-longs, on peut pas ! C'est pas possible ! Pas possible putain ! Faut arrêter ! Putain, faut pas s'leurrer ! Faut pas, c'est pas possible !)

Aussi n'avaient-ils pas de valeur, on les laissait s'enculer entre eux, mais en fait ils ne voulaient pas car bien sûr, comme tous les sauvages, ils étaient prétendument tous actifs. Être enculé, ah ça, ils voudraient pas, tu pense ! Pour rien au monde les porcs ! Les fachos. Sales petits fachos. Ça vient du communisme mais c'est des putains de fachos ces slaves ! Crois-tu ! Crois-tu qu'ils seraient libérés les russes ? Mais ah ah ah ! Tu pense ! Naïf. Naïf que tu es. Tu parles : c'est les pire. Ah c'est bien les pire. Nous à côté on est des



où de l'autre côté sans racisme ni barrière se levaient près de l'eau les blonds et les yeux verts

ils s'étiraient souvent pour exhiber leurs corps et vaguement bander leurs petits pectoraux
et se recoiffaient vite leurs cheveux affolants que le sommeil sculptait de formes improbables en masses dissymétriques
à eux les sous-vêtements épousaient bien le corps
les lignes étaient graciles et les dents étaient blanches
et
coup de poignard de plus dans le dos de l'aile nord
ils étaient moins cons que les autres plus sûrs de leur beauté moins cons plus calmes

nul besoin en eux de performer la virilité : nul besoin !

il y en avait même un qui était triste de la mort de Jean Ferrat - dix-sept ans, pourtant !, pour ne pas dire moins !, et qui écoutait une chanson de lui sur son iPod dont l'écran d'accueil n'était pas moins un portrait huile sur toile de Rihanna par Giotto, basilica Santa Magdalena di Milano

(stabat mater dolorosa, etc., avec un brushing à l'américaine, éternelles frisettes bouclettes bigoudis fariboles et falbalas qui strient les flancs du crâne comme les gâteaux Vienetta de Motta, en arabesques et autres afféteries précieuses, on a d'ailleurs envie de casser tout ça avant de le manger)

"ah ça s'veut baroque ! ça s'veut baroque ! tu parles ! les protestants oui ! les protestants d'mes couilles !" etc.

d'un silence l'autre, celui des slaves, dont émerge certaine odeur de fringues ringardes confectionnées par des pauvres pour des pauvres

ceints d'une couronne de laurier - ou sont-ce des palmes ? majestueuses disposées autour de leur f-ront (diérèse, prononcer feuron)
palmes que l'on retrouve autour de leur taille, du moins c'est le même vert qui masque leur sous-nombril

voix cassés que le corps dessiné dément, il est solide
ferme et bronzé où naissent des poils calcinés
que le soleil blondit en pubescences d'or
l'eau je n'ose dire l'azur les peint en jeunes princes

lui qui semble vassal s'agenouille devant
l'autre qui ne possède en or que ses nuits blanches
- car ses cheveux sont bruns qu'ourle la même frange

le bras du suzerain est mouillé de biceps
que l'ambre et le déo signalent aux alentours
le geste seul dessine et fait saillir les formes
vers l'épaule du premier désespérément nue

ils sommeillent encore, leur haleine l'indique
leur baiser ne se brise pour l'odeur de la nuit
et ni leur érection ! (c'est celle du matin)

jeudi 10 septembre 2009

GLOBI

Qui était donc Globi ? Manifestement, Pink Floyd n’en avait rien à foutre, et d’ailleurs c’est sans penser à Globi qu’ils ont mixé la version stéréo d’Interstellar Overdrive avec des allers-retours panoramiques assez drôles à écouter au casque. Mais ne nous éparpillons pas : Globi est (ou était) une perruche multicolore du premier mignon, dont le sourire coquin orne en ce moment une vingtaine d’affiches dans mon quartier, car Globi a disparu, et ses propriétaires cherchent à remettre la main dessus. J’ai été noyé dans une immense tristesse en lisant cette affiche : bien entendu j’imaginais le drôlatique animal sous une roue de voiture, ou bouffé par les rats, caillassé par des mécréants ; puis j’imaginais la gamine de huit ans, avec des couettes et respirant la santé, toute joufflue, pleurant l’absence de son Globi d’amour. Un cœur brisé. C’en était trop, c’était intolérable, il fallait faire quelque chose, intervenir, entreprendre de grands travaux pour la recherche de Globi, afin qu’il puisse retrouver son doux foyer qui lui est sans doute une province et beaucoup davantage : tous les moyens possibles auraient dû, selon moi, être déployés. « Si ça arrivait à votre fille, hein Mame Chazal ? » dirait le nain cocu. Et puis il faut bien dire qu’avec un nom tel que Globi, on ne peut que ressentir une infinie sympathie pour l’animal. Il va de soi que le même volatile, prénommé Anastase, n’aurait suscité chez moi qu’un banal « bien fait pour sa gueule ». Mais là non. Là, c’est de Globi qu’on parle. Néanmoins j’aimerais bien coller à côté des affiches de Globi des posters d’un dobermann sanguinaire se pourléchant les babines, avec en légende « Médor a retrouvé Globi ». Certes, m’objecteront les démocrates pro-dignité humaine, « on ne peut pas rire de tout », « et le chagrin des familles, qu’en fais-tu ? », « et la compassion, elle est où ? ». La réponse, prévisible mais ô combien méritée, serait invariablement un " dans ton cul " bien senti. Globi, mon ami, notre ami à tous, repose en paix.

samedi 27 juin 2009

Ceci n'est pas un inventaire -ni un cauchemar de castration -ni un lustre -un texte dont tu as autant besoin qu'entre tes dents mon poil pubien

Ce texte a aussi et d'abord été posté sur Facebook, mais il faut bien faire vivre ce blog, aussi.



Je voudrais de petites lunettes rondes et noires, que je porterais avec un chapeau à haute forme, une mine à basse forme et un futur déformé où dans leur obscurité je pourrais m’endormir. J’y ferais de petits trous à travers le verre, par lesquels de fins rayons de lumière seraient absorbés définitivement par mon champ gravitationnel. Je voudrais aussi une plage, c’est étonnant, une plage que je n’ai jamais vécue me manque. Certainement des images d’enfances, le film Contact ou alors le générique d’une soirée Jules Verne sur arte avec un volcan en carton pâte, figé, l’époque où j’aimais la science-fiction. Quand j’aurai une plage, j’y ferai pousser un volcan.
Il n’y a autour de moi quasiment que des adophiles, on se reconnaît, on s’attire entre nous. Plusieurs personnes, soucieuses de découvrir une explication autre que corporelle à ce choix de l’adolescent, ont avancé l’hypothèse selon laquelle en ce qui me concerne, et ce dans le cadre d’une relation, j’étais avant tout à la recherche d’une créature à façonner, d’un écran vierge à remplir d’un passé que je me réinventerais. Peut-être ai-je déjà émis cette idée, mais restons sérieux, j’ai déjà assez à faire avec mes photos pour ne pas perdre mon temps avec un support (forcément) fuyant. Non, le fait est que je ne connais pas de personne de mon âge qui allie l’attrait physique et l’intelligence, et qui me donne envie d’une relation. Bien sûr, les plus jeunes ne sont pas nécessairement plus futés, mais je leur donne une excuse. Je me dis, ils sont jeunes, ils ont au moins la curiosité, c’est bien. Bref, il fallait que ce soit dit et que je n’entende plus mes anciens amants prétendre que je « n’ai pas réussi à les formater comme je l’aurais voulu ». Qu’ai-je fais de la femme qui peignait des vagues sur la mer ? Je l’avais laissé chez Clément et puis ensuite aucun souvenir –l’aurais-je déjà placé dans un poème je ne sais plus. Il y a aussi le garçon qui voulait se tuer en étouffant dans une soirée-mousse. Et comment appelle-t-on ces fœtus qui meurent dans le ventre de leur mère, faisant de lui leur tombe sans même qu’elle connaisse leur existence ? Il faudrait que j’écrive là-dessus, une possession peut être, ou un trésor caché –à propos de fœtus, ma sœur voudrait écrire sur ces jumeaux dont l’un se met à dévorer l’autre. Elle est persuadée que ça lui est arrivé, son double déchiqueté et digéré par elle dans les entrailles de notre génitrice… Au fond je crois que nous tous, sans exceptions, sommes
NE PAS PARLER DU SENS DE LA VIE
Le problème c’est que lorsqu’il y a partage de points communs la situation n’avance pas plus. Par exemple le plasticien Jean François B. me disait qu’il ne s’entendait pas avec les gens de l’art contemporain, mais très bien avec les gens du cinéma. En ce qui me concerne je ne m’entends avec personne dans le milieu du cinéma (et très peu dans celui de la photographie, quelle idée), mais le courant passe plus facilement dans celui de l’art contemporain, de la musique ou de la littérature. Peut être qu’un artiste ne peut se lier d’amitié avec quelqu’un pratiquant le même art que lui… Du reste un jour, pendant un jour, je serai en couple avec un violoncell(ist)e et notre relation prendra naissance forme et fin en l’accord hermaphrodite, des formes féminines entre jambes ouvertes et des notes viriles et graves. La Sarabande de la 5ème suite de Bach dans ta gorge, rampant et puis prendre naissance forme et faim. Oh il me faut du chocolat, et du vin.

Je ne parlerai pas non plus de politique, que les français restent dans leur merde, je suis las. Je pense donc à La Prédication et les Faits de l’Antéchrist ; Les Damnés, si Signorelli était visionnaire il reste cependant l’inventeur du mauvais goût le plus dégueulasse. Je me lève toujours trop tard, ça me déçoit de ne pas voir la lumière du matin mais à vrai dire je ne suis jamais mieux que la nuit, la fête la nuit, le travail des photos la nuit, et puis quand je suis à Nantes les films la nuit. Au réveil la morve se dilatant avec l’aube et les fleurs garde dans ma bouche et à la surface de mes lèvres des brides d’images rescapées, entêtées, des rêves nocturnes. Leur lent effacement, comme sèche le sperme sur mon ventre, déclenche l’ouverture des yeux et la débandade causée par la conscience, ou l’étonnement que l’Apocalypse ne nous ait pas tous fauché notre sommeil. La première cigarette sous Take a Walk on the Wilde Side et les chansons d’Isobel Campbell/Mark Lanegan. Je lis le dernier Citizen K et je suis atterré par la bêtise crasse du gâteux Marc Fumaroli et par le réactionnaire Ludovic Leonelli. Alexander McQueen, Dieu soit loué, relève le niveau avec ses terrifiantes new-yorkaises. Puis je vais rejoindre Pauline accoudée seule à ses songes de princesse en contemplant la sépulture vide qu’elle leur a choisi, le Crillon Ritz ou autre Plaza, le support ingrat de sa figuration. Nos discussions sont superficielles ou concrètes, c’est notre terrain d’entente, lisses ainsi qu’un cocktail lustré ou la dorure d’un service à 4 épingles. De l’ameublement comme technique de filtrage, à la cheval de Troie (à défaut d’être aussi bien montée). Je veux être une parure Louis XVI, je veux être une coupe de champagne, j’y suis, j’y prendrai racine ils n’auront plus le choix, je veux être un tableau Art Déco et un sourire d’accueil, c’est une guerre et mes lunettes Gucci, mon corps de mannequin et ma superficialité guerrière, deviendront statue, deviendront Palace. Avez-vous déjà vu un vagin en irruption de champagne ? Je fuis. Je marche en fermant les yeux pendant 1 minute, je compte : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60.


(extrait des "Variations")

En réalité je me suis arrêté à 2 parce qu’au fond ça sert à rien. Je voudrais arrêter le premier venu pour lui dire que je suis le seul à avoir compris l’Antichrist de Lars Von Trier (dans un prochain article) mais je suis trop timide. Je vais prendre un verre avec Elias et Cyril. J’ai au moins les lunettes, rondes et dorées mais sans les verres noirs, offertes par Damien. Dans les toilettes du Lieu Unique, à Nantes, quelqu’un a écrit qu’il était en train de fondre. Ai-je déjà dit que j’ai une fois croisé à Nantes dans la même journée un mec qui voulait bouffer mon chapeau, une fille qui m’a longuement parlé des pluies de pomme à l’ouest de la ville, un clochard inverti et dragueur, et le fameux type qui se disait poursuivi depuis 3 jours par des escargots. Il pleuvait cette nuit là et les fringues collées à l'eau ou à la peau on ne sait plus qu Rarement les mannequins, ne sont aussi laides que dans les publicités L’Oréal, la clocharde qui criait dans le métro « ma mère c’est Marie et mon père Satan » (elle avait une face de cendrier et une voix de petite fille), j’ai envie de relire Péguy, ô voyageur égaré qui n’a pas pris garde, elle retira son slip et vit un rat, on a fêté les 1 ans de la disparition de mon sac et quand j’aurai une page j’y ferai pousser un volcan, deux volcans, trois volcans, just do it man, and smell pleasure in your body,
je déteste le Palmier mais il faudrait que j’y retourne
pourquoi est-il si loin, le Palais de Tok ?
brigade des mœurs vos papiers s’il vous plaît
pleasure est le nom du rat
il a un tatouage Britney




(une partie de ce texte a mystérieusement disparu....)





Quand on se trouve devant une longue zone ensablée, que faire d’autre que d’y courir ? De même que nos érections nocturnes témoignent des images érotiques de la pénombre enfantine, je sais que si je trouvais ma plage je devrais en témoigner, j’y courrais, pour vérifier qu’elle existe. Pour savoir si l’apaisement a un bout ou s'il est perpétuel, vivant ou mort.

Nostalgie n’est pas le bon mot. Une ellipse me paraît plus approprié, une étendue ouverte. Une plage. Oui, voilà, (on me pardonnera le cliché de la métaphore) l’absence de plage que je ressens est en elle-même une plage, dans la mesure où c’est bien d’une intersection qu’il s’agit, d’un point d’arrêt favorable au rejaillissement. Assis sur des rochers, je regarde la mer se fondre avec le ciel, un monochrome de Klein, je suis comme face à un écran abstrait auquel je voudrais donner une forme reconnaissable. J’actionne ma caméra, et je cherche l’autre rive, et je cherche, et je cherche…

mercredi 8 avril 2009

Street Art - manifeste

.


(toilettes féminines du Lieu Unique, à Nantes)

lundi 2 février 2009

Composition en quatre masses

Maxime X. naquit en **** dans la cité prolétarienne de Saint-Nazaire. Ses géniteurs passaient leurs vacances à La Baule (plus grande plage d'Europe, la station balnéaire vous accueille au cœur de la Côte d'Opale, entre la campagne de la Brière et l'Océan Atlantique) et c'était l'hôpital le plus proche. L'enfant hésitait entre la maigreur et les bourrelets.

De son enfance, on peut dire qu'elle fut heureuse et sans histoire. Dressé par les établissements catholiques (non mixtes !), Maxime crût sous le double signe de Michel Sardou et des rues sinistres du quartier de l'Europe à Paris.

Voilà une vie dont on peut dire, sans fanfaronner, qu'elle n'épouse aucune ligne et ne suit pas de direction précise.

En quatrième il était amoureux d'une fille, Pauline L. Il se souvient que les élèves de quatrième donnaient une représentation théâtrale (façon comédie musicale). Pauline jouait un rôle secondaire de danseuse de cabaret, à un moment son soutien gorge était tombé. Les camarades de Maxime se retournèrent vers lui, pour évaluer sa réaction (car il était entendu que c'était lui "l'aspirant" officiel de ladite Pauline). Il gloussait de joie. Exactement comme un sexagénaire bedonnant dans un bastringue de Phuket aguiché par une vieille pute défraîchie : voilà qu'il se levait pour applaudir, rouge de plaisir ! Il applaudissait la semi-nudité de la jolie fille qu'il n'aurait jamais.

Cette salope jouait un petit jeu avec lui : elle veillait à ce que son amour pour elle ne s'éteigne jamais, en lui distillant une remarque une fois par mois ; un sourire, un bonjour, quelques mots. Une vraie pro, la gamine. De cette façon, elle entretenait les rêves du soupirant, sans toutefois imaginer une seule seconde sortir avec lui.

Bachelier, Maxime intégra une classe préparatoire parisienne. C'est à ce moment stratégique de sa vie, baptisé "coupure ontologique" par les exégètes Martinowicz et Grüber, que Maxime X. fut violé par un camarade de classe. Dans un récit publié sans nom d'auteur, il retrace l'événement :

"Incarcéré, si je puis dire, dans les toilettes du Lycée par le mâle dont je ne puis plus guère prononcer le nom, je dus subir ses éjaculations dans mes cheveux à chaque journée. L'hiver, particulièrement glacial, se rappellait à moi par le truchement du froid nacré qui pénétrait par les interstices de la porte branlante. La clarté bleue du dehors était synonyme du jour nouveau, et donc du retour de l'Indésignable. Il entrait, inspectait mes chairs meutries d'une main lasse, et me transformait peu après en authentique vide-couille humain." [Mon fardeau, éd. Michel Laffont]

Profondément bouleversé, Maxime se releva quelques années après grâce à l'intervention d'une psychanalyste et psychothérapeute, Bénédicte Castra. Celle-ci convainquit le jeune homme de déposer plainte contre son agresseur, préalable à une "reconstitution constructive du surmoi laminé par un traumatisme déformateur du réel et de l'imaginaire", comme elle l'explique au tribunal où elle intervient comme témoin cité par la partie civile.

L'agresseur, devant la faiblesse du dossier, se voit relaxé. Les attendus du jugement sont ambigus : "Au regard de la restitution des faits, il apparaît que la victime présumée a réinvesti son récit de fantasmes et de diffractions diverses liées à sa personnalité perverse et manipulatrice ; le récit de sa psychanalyste ne corrobore que rarement celui du plaignant dont l'amour qu'il éprouve pour l'accusé fragilise le témoignage".

A l'issue d'un procès qui l'a dévasté, Maxime X. n'est plus que l'ombre de lui-même. Dépressif, obèse et alcoolique, il publie néanmoins un recueil de poèmes sobrement intitulé "Poëmes".

Jour ressassé qui obsède vivace assesseur des charmes troublant héraut des fêtes que la peine a saisi enfoncé sous la porte
Jour, tendre cruel
traître bourreau hélas [...]

Vient ensuite le temps du témoignage, avec "Mon fardeau", coécrit avec Bénédicte Castra. "Mon viol, c'est ma déportation, mon Auschwitz. Pire que ma mort, mon viol : la destruction psychique de ce que je suis et de ce que je serais, de ce que j'étais et de mes rêves. J'aurai préféré mourir dans d'atroces souffrances."

La psychanalyste publie tribunes sur tribunes pour soutenir Maxime X. dans son combat. "Il faut le savoir, le viol, qui plus est uraniste (cela veut dire homosexuel), est très traumatisant pour les victimes qui le subissent, surtout s'il est effectué dans des conditions traumatisantes ou violentes (voire très violentes), tel qu'un viol avec arme, par exemple. Cela n'est pas pour rien que le mot "viol" découle de la même étymologie que le mot "violence", qui sont des termes proches. Cela doit nous interroger chacun de nous-mêmes dans notre plus profond intérieur", s'emporte-t-elle dans Le Monde.

Maxime publie ensuite une retranscription poétique de son viol, intitulée "Aufer tenebras mentium". Dans une langue d'une pureté jamais atteinte, lavée de toute scorie, son chant funèbre fait verser des larmes jusque dans nos banlieues.

Ce n'est pas l'amour,
Mais mon être,
Ce n'est pas mon être,
Mais ma chair,
Pas ma chair,
Mais le jour,
Et au milieu des jours,
La vie
Qu'un assassin m'a pris

Les associations de protection de l'enfance se saisissent de l'affaire : la pétition "Le sexe détruit tout !", lancée par "SOS Enfance violée" recueille de prestigieuses signatures, telles que celles d'Isabelle Alonso, d'Alain Touraine ou encore de Catherine Trautman.

Promu icône médiatique à son corps défendant, Maxime en profite pour faire de la promotion des quelquies livres dont il est l'auteur. Il se fait tour à tour victime christique ou poëte mal attifé sur les plateaux de télévision. Le climax de cette "explosion communicative post-viol" (Martinowicz & Grüber) étant sans doute la participation à l'émission "Se(r)vices publics", présentée par Julien Courbet.

-- Avez-vous de la haine envers votre agresseur ?
-- Non. Non, je n'ai pas de haine. La haine m'est étrangère. Ni sourde rancoeur ni désir de violence. Il a tué en moi tout ce qui s'exprimait. Et jusqu'au sentiment le plus fondamental : la haine.

Atteint par une hyper-obésité rarissime en Europe (198 kilos), Maxime voit son espérance de vie se réduire fortement. Il ne se déplace qu'avec d'extrêmes difficultés, et fait régulièrement sous lui sans être à même de s'essuyer, ce qui pénalise sa sociabilité.

Un critique d'art récupère ses slips usagés pour les vendre aux enchères comme installations conceptuelles. La série "Slips pleins de chiasse IV" s'arrache à 700 000€ lors d'une vente organisée par Pierre Bergé et associés.

Maxime rencontre l'amour en la personne d'Octavie Demeurée M'bolo N'Gala N'Gala, ressortissante de la Guinée équatoriale. Ils convolent en juste noce dans la banlieue parisienne, le nouvel époux ne pouvant prendre le train, l'avion ou la voiture.

L'union à peine scellée, le couple donne naissance à une petite Césare Borgia.

Maxime vit aujourd'hui retiré à Stains-Pierrefite. Aux dernières nouvelles, il est devenu un véritable légume couvé par sa bien aimée, par ailleurs condamnée pour extorsion de fond au cours de son précédent mariage.

jeudi 16 octobre 2008

Ticket to Ride



ça rappelle de petits voyages
Cassandre dit :
de fragiles rencontres
Cassandre dit :
des terminus
Cassandre dit :
des places de la bastille
۞ Jilian³ ۞ dit :
des couvents
Cassandre dit :
des sorties définitives
Cassandre dit :
des segments de couleurs
Cassandre dit :
des contrefaçons
۞ Jilian³ ۞ dit :
des palmiers
Cassandre dit :
des palmeraies entières
Cassandre dit :
des perspectives obliques
Cassandre dit :
des dualités déchirantes
۞ Jilian³ ۞ dit :
des indifférences
۞ Jilian³ ۞ dit :
des hésitations
Cassandre dit :
des théâtres où le présent se déclare
Cassandre dit :
l'écho des autres
۞ Jilian³ ۞ dit :
des analyses médicales
۞ Jilian³ ۞ dit :
des coloscopies....

mercredi 10 septembre 2008

jeudi 14 août 2008

MINISTERS OF IDOLATRIES



[Pamela réalisa qu'elle n'avait finalement pas grand'besoin de l'ordre, et, avant même qu'elle se comprît capable d'étendre, d'étaler, déverser son désordre, frissonna sans discontinuer de la non-logique qui l'emplissait, et s'étonna de ce qu'elle pouvait toujours discerner – partout – son contraire. Elle croyait sentir la répugnance approcher. (Et eritis sicut dei)]

Attendu que la politique n'est que de résolutions et de sentiments négatifs, que les positifs portent à l'idéalisation au moins de l'acte sinon du discours, que toute volonté enfin est idéalisante ;

attendu que dans cette sphère tout triomphe est d'espoir, que toute satisfaction y est d'intérêt, soit légèrement au-dehors, et qu'on observe en son sein les deux contraires de celui-là et de celle-ci s'entr'engendrant ;

attendu que les chutes et déclins des idées et des voeux comme des chiffres sont dans le strict continuum des choix de la masse pour la masse, dans la logique de la gravité de la responsabilité que la masse fait peser sur la masse ;

attendu que l'avidité de vivre, si elle veut se donner les moyens – politiques, donc, et sphères avoisinantes – d'exister – de coexister – parmi l'altérité grouillante et bouillonnante de dévotions ou de conventions, sans une sélection lapidaire que le contexte rend toujours hors d'atteinte, se normalise pour corrompre, et se fait une ambiance dès lors qu'alors elle brasse ce qui à ladite altérité et finalement à elle-même apparaît pis que stratosphérique, en même temps que lourd du sens fuyant et jamais vraiment fui ;

attendu que l'idée et l'envie de conception d'une science positive portant sur l'histoire – et donc la portée – humaine sont des injures à l'homme, et à tout ce qu'il comporte et manifeste d'assez bas pour se substituer à une quelconque généralité autre que tautologique ;

attendu que la prise de conscience forcée que les plus grandes vertus de la morale et du devoir et du savoir constituèrent et partant ont toujours constitué la condition nécessaire et suffisante des plus épouvantables desseins (et de leur conclusion qui fut la première mort historique de civilisations) n'a pas conduit les esprits à résoudre ou à permettre de résoudre ce paradoxe et tout juste à le suspecter ; attendu qu'il est donc permis de penser que l'ordre va contre lui-même et que l'homme y va contre lui-même, avec un entrain toujours renouvelé et dans une boucle d'espoir sans solutions ;

attendu que tous les paradoxes que crée l'insertion de la logique et du raisonnable, et de leurs enfants la modération et la patience, dans l'humain, circonscrivent de toute façon la logique en dehors d'elle-même, dans quelque logique pour la logique où s'arrête (choit, cesse) la réflexion, et qu'il vaut mieux chercher la résolution de ce paradoxe dans l'inertie que dans la désillusion ;

attendu que le rapport au monde aujourd'hui n'est qu'ironique par défiance de l'espoir, en même temps que l'espoir apparaît sous son vrai visage de méfiance de sa propre logique, qui n'est qu'ordre de la pensée ;

attendu enfin que l'ironie la plus forte et la plus poignante est à ceux qui comprirent que tous les magistraux édifices d'ordre et de logique qui se fondent et demandent à se fonder sur le réel et la raison n'ont d'existence que dans des paroles, promesses, figures, phrases, habitudes, prévisions, observations – c'est-à-dire dans les manifestations à la fois d'espoir et de manque d'imagination, voire d'espoir par manque d'imagination ;

alors nous voulons bien demander à rêver autre chose que demander autre chose
Car encore nous savons qu'il n'est pas que naïf de se vouloir désignés, de se voir désignés, de réclamer la figure de proue froncée et nette que l'on désigne pour désigner au grand jour un début de route ensemble.

alors nous voulons bien cesser d'encore croire que la vanité ne conduit pas qu'à la vanité
Et que le foisonnement dans la mise à nu et à vide extérieure peut être un début de plein et de feu et de sang
Pour parvenir avec vous à cet écoulement du moi, avec chacun en tant que seconde, singulière et singulative et brève mais reliée sonnante et fonctionnante, d'une grande vie
Dont celle-ci encore nous voulons bien refuser de croire qu'elle peut être autre ou aller autre part que vers l'épuisement de l'égrènement, et la regarder jaillir, au milieu de nous avec vous fourmillant amphithéâtre béat dans la semi-pénombre.

alors nous voulons bien laisser la vérité à la variété, le jugement à la relativité et le présent sous la chape de l'avoir-été.

alors nous voulons bien qu'abandonnant, nous dussions bouillonner et décider avec vous les sens de circulation des ingrédients bouillonnants, puis encercler les sens pour en faire de nouveaux, rouler avec vous au bas de la spirale et enrouler les roulements, jusqu'à la mixture toujours encore à bouillir et faire bouillir, plonger à votre suite et relier en même temps les plongeons dans une suite, en engendrer les nouvelles sources, poursuivre, poursuivre, détailler les passages des poursuites des strates voisines qu'on garde éloignées, et toujours convaincus de la prochaine étape poursuivre au fond du gouffre et trouver du nouveau ; et par-dessus tout continuer à voir l'infini comme ailleurs et l'ici comme mise en forme mais le possible comme à partir du possibilisé, dans une tasse maigre et ronde bouillonner la spirale avançante pourtant lente mais toujours avançant vers, et circulant dans le même bouillonnement vers, le plus profond des fonds qu'il doit bien y avoir ?

alors nous voulons bien, alors nous céderions alors nous voudrions céder
S'il se passait quelque chose, semblable à ce que vous pensez qu'il se passerait si nous cédions, qu'il se passera si nous cédons

alors nous voulons bien abandonner : cesser de prévoir d'être pour prévoir de voir ; lâcher prise, agripper l'emprise ; au rang des hommes tout restreindre
Et ne pas mourir, pour voir.

alors nous voulons bien demander à rêver autre chose que demander autre chose
Que le don d'un instant de la guerre étrangère, d'un instinct de faiblesse mis à nu
à nu
à nu
à bas
s'abat
-trait sur les lames des yeux dans les sons de brumaire ici et de novembre là-bas
Seuls les gravitrons pluriels des foules désolées dont on n'accepte qu'à demi-voix le pardon pouvant
Défuir sans revenir les non-clairières forcloses


[Avétéré est un professeur fatigué,
Beatron une saillie de jeunesse.]

AVÉTÉRÉ : -Et c'est tout.
BEATRON : -Et vous n'avez rien fait ?
A : -Que voulais-tu que nous fissions ?
B : -Que vous,
vous,
vous
A: -Non, nous n'avons rien fait de tout cela. L'inquiétante étrangeté de ce tout qui régnait avait à ce point compris la valeur des valeurs qu'elle avait déjà construit les murs où dérouler les flambeaux des lambeaux de sang de haine envers elle, taxait le sang, et en récupérait l'esprit pour ses monuments déjà pensés par d'autres haineux.
Les hommes de tête l'avaient compris, mais leur temps de vie passait à épingler leurs pleurs dans des rayons de courbes enlaçant les rayons droits et nets, pour que le plus tôt possible l'on comprenne qu'ils avaient compris, si possible en les comprenant à leur tour.
Les hommes de tête l'avaient compris,
Nous n'avions ni l'indifférence ni l'ignorance, mais nous avions le combat contre elles, avec notre peu de différence comme poignard de verre ; elles nous encerclaient, elles nous incerclaient, nous circonféraient de l'intérieur, avec un air crasse de second état de nature dans lequel nous rechutions, épuisés, presqu'aussi souvent que le premier. Écrasés vers le haut.


[Pamela se disait que cette fois encore il lui avait manqué la haine. Il ne lui venait tout au plus qu'un nerveux agacement juste au-dessus de la tête, et souvent temporaire et toujours passager, – dont, pire, le mépris était souvent dissocié, – dans quelque dignité sournoisement passée de mode et sournoisement implicite dont elle croyait ne plus garder qu'un dépôt de savoir et de technique, mais qui la définissait encore par surprise, et définissait son regard sur le monde sur les gens ses comparaisons ses assimilations ses concepts, ses transpositions ?, mais d'où venait-elle ?, (amor quidam propriae potestatis, et quaedam de se superba praesuptio, quae per illam tentationem fuerat vincenda et humilianda.)]


A: -C'était l'époque où nous grandissions en entendant seriner que tout changer était impossible et n'avait même aucun sens, par ceux qui avaient continué à espérer changer malgré les mêmes serinages répétés, sans comprendre que pour nous cela n'avait effectivement aucun sens. Aucun parent n'a pensé à étouffer l'espoir ; pour eux l'espoir avait surgi et surgissait comme un indéfectible principe du commencement de la conscience. Et finalement ils y ont vu de la résignation : c'était encore leur chant d'espoir qui, frustré dans la passation, en venait à douter de ses prétentions dans leur propre histoire. Mais leur faiblesse n'était plus la nôtre.
B: -Ta faiblesse ta faiblesse c'était quoi ta faiblesse c'était de trop aimer et de mordre à genoux prêt à tout arrêter pour tout voir se lever et voyant dans les autres des traîtres des parjures mais des peut-être un jour des impulsions des coups des enfin des alors malgré tous les trop tard ta faiblesse ç'a été d'espérer à voix haute la même chose enfin que tout le monde espère ta faiblesse ç'a été d'alterner le présent entre l'étranglement et le jouir de la terre entre le grand dédain supérieur et précis et le dédain du reste d'ailleurs et d'autrement ta faiblesse c'était de vouloir un peu trop d'en vouloir aux toujours qui sortaient de nulle part mais ta force c'était, même les genoux froids, de mordre quand même, et l'espoir au passé c'est quand même l'espoir, tu auras regretté à la face du monde, tu auras fini par voir où avaient été les jours de paix à espérer et : à ton tour laisseras l'espoir en héritage.


[Pamela s'était dit que la plus grande tare de ce nouveau siècle n'était pas que l'on pût s'y croire grand esprit au moindre éclat, mais qu'on ne pût plus y être grand esprit sans le sentir, puis le savoir, à la rigueur en souffrir ; et le poète, sitôt qu'il parle à Calliope, se peint sur le Parnasse, sitôt sortie sa lyre en a vendu les cordes. Si l'intelligence n'est plus si singulière, elle reste individuelle. Était-elle seule finalement ?, que pouvait-elle garder ?, (seu amorem istius excellentiae).]


A: -Autrefois les hommes naissaient libres ou bien ils n'étaient pas, ils étaient libres ou bien ils ne naissaient pas – aujourd'hui, te rends-tu compte ? Le nombre a tué l'homme. Et nous le savons depuis si longtemps...
B: -Et depuis si longtemps nous avons pu comprendre ce que l'on pouvait résoudre ?
A: -Si longtemps à peine pour s'en rendre compte, crois-moi. (Plusieurs fois, évidemment.) S'en rendre compte, voir la tragédie, l'abattement carcéral progressif et certain, le ciel lourd et brun de rocs aiguisés, voir la tragédie, et en faire quelque chose, un exorcisme, une vague volonté d'épitaphe future, mais simplement un ornement de soi, et en faire quelque chose, puis passer à autre chose. Quelque part.
B: -Puis fuir ?
A: -Jamais ! C'était trouver l'essentiel. Mais l'essentiel n'a jamais suffit dans le nombre. Pour le nombre il fallait et il a fallu un autre genre d'espoir et de nouveau, qui touchait à l'essentiel, affleurait sa partie montrable et pourléchait ses contours pour l'encadrer dans un joyau orangé soyeux humide.
Par le nombre on peut tenir et poser l'encens pour les goutelettes joyellant d'un ailleurs un peu central et surélevé... avec le ravissement ébahi face à la pluie par-delà le miroitement. Parce que le miroitement n'est que celui de ce qu'on pense pouvoir miroiter ! et d'ailleurs parce que ne miroite que ce qu'on veut bien réverbérer d'un cadre en cercle ! Mirroirer... engranger les scintillements des idéals des possibles... et de toute façon, la pluie, n'est que la courbe baveuse de l'orangé que l'on appelle vu.
B: -Tu parles et tu résorbes comme s'il n'y avait qu'un nombre...
A: -Aussi bien que moi je te tu sais parfaitement que les noyaux diffractent... non, pas du tout, que les joyaux diffèrent au coeur des grands nombres, leur en-jus saignant plus ou moins fort avec plus ou moins du vif qui fait oublier le camaïeu éclipsant le vide et rien.
B: -Mais le plus précis sang est chez les plus grands nombres !
A: -Oui ! Et le moins d'éclipse est chez les enfants de la révolution, qui n'ont pas fait briller le vif, et doivent aujourd'hui, parce qu'ils n'ont pas assez de vif et de lumière vive à portée de discours, à portée chérie, à portée de combat commun et demi défendue, pas assez de trop-plein de contours de lumière, doivent laisser aux autres nombres le pouvoir de la révolution ! N'est-il pas merveilleux !
Et comme il convient à toute action humaine la révolution s'efface sans tarder devant ses créateurs devenus créanciers ou débiteurs ; et c'est aux débiteurs de la révolution que l'on doit le respect de son contraire mais de son contraire nouveau.
B: -Le doute c'est la mort de la révolution...
A: -Tout n'est que nuance d'idéal.
B: -La révolution n'est pas une avec elle-même...
A: -Ah ! Mais tes grands maîtres de pensée du temps qui vint avant le nôtre avaient connu la révolution. Ou les. Il était pour eux question de guérison – d'un exorcisme..., et caetera –, quand nous continuions dans l'expectative. La différence, c'est que chacun, nous étions semblables à nous-mêmes... (révolution perpétuel engrenage comme l'identité aspirant à rouiller)... tandis que dans les nombres ils l'étaient tous ensemble.
B: -C'est vrai. Mais...
A: -Quoi ?
B: -Semblables à eux-mêmes ils pouvaient déjà l'être...
A: -Semblables à nous-mêmes nous apprenions à l'être.
B: -Dans le nombre.
A: -Oui.
B: -Et ça a tout changé, mais ça n'a rien à voir... Ou non, pas rien à voir, je n'ai rien vu, mais... Je crois que ton époque n'a allié à cet enseignement aucun autre projet que l'accomplissement.
A: -Il n'y a aucun besoin de projet !
B: -Je ne le crois pas non plus... mais le fait est, que lorsque semblables ils furent – même à eux-mêmes avant qu'aux autres – que lorsqu'ils le furent, rien n'était fait.
A: -Qui ?
B: -Tes semblables.
A: -Et moi ?
B: -Je suppose.
La vérité sur une époque.
A: -Esbrouffe.


[Pamela voyait les dents serrées que jusqu'alors il avait toujours fallu les anciens et les novationnaires ensemble pour dénoncer, qu'il avait toujours fallu dénoncer, ceci : Ils prennent tout. Les uns aux autres. Et ils offrent en échange la lassitude d'un temps dont on ne sait plus l'usage.]


B: -Que pouviez-vous penser qu'il vous restait à faire ?
A: -Réécrire Aragon, et apprendre à se taire.
Et dans la descendance des plus grands héros, dans la confusion de la culture des mots, étaler nos mémoires pour y voir un sens en tentant d'en finir avec les espérances, espérant engloutir les demains à outrance :

Combien faut-il de temps pour que meure une idée
Pour en presser la fougue écarlate d'années
Passées à l'exalter à y croire vraiment
Pour en cueillir l'esprit pur comme un coeur d'amant

Et pouvoir de l'esprit faire une preuve au monde
Que l'idée qu'il donna s'exclut des plus immondes
Cercles pour les régir, repue d'avoir vaincu
La raison dans l'espoir et l'espoir dans la rue

Combien faut-il attendre en écoutant l'action
Au nom des impressions étouffer l'expression
Enfouir les utopies dans les contradictions

Sous les pavés au dos des bonnes intentions
Combien faut-il de temps pour qu'on voie qu'une idée
Ne supporterait plus la vue de sa pensée

Mais je me demande si, en avançant sur la plage pavé par pavé, étaient vraiment lus les messages qu'on foulait du pied.
B: -Je sais que oui – que le message et l'espoir et l'effet se fondaient dans un seul processus, un progrès, ou pire, un changement.


[Pamela sut qu'elle avait cru, ce qui s'appelle cru. Elle savait : Rien ne peut quoi que ce soit contre le croyance, et quoi que ce soit n'est rien sans la croyance, car tout commence par la croyance. Le doute, y compris. (Atavus mortalis mordicus, ad libitum, ad nauseam, ad hominem.)]


B: -Là où vous échouâtes toujours, c'est en croyant sans conditions que la croyance en la liberté ou le bonheur pouvaient être autres que négatives, et donc autres qu'espoir(s).
A: -Vers quoi aurait-il fallu se diriger, alors ?
B: -Il n'y a pas de direction, tu l'as dit toi-même... Il n'y a rien vers quoi l'on se dirige.
A: -Il n'y a donc rien d'autre à faire que dévier un peu son chemin, ou choisir ses détours ?
B: -Je ne crois pas, oui.
A: -Mais...
B: -Non.
A: -Tu ne crois pas qu'à force de croire qu'ils peuvent sauver leur étoile, qu'on peut sauver cette étoile, encore, ils réussiront à quelque chose ?
B: -Non, je ne l'ai jamais cru... on ne le croit plus, tu sais. Pourtant j'ai beau m'être brûlé les yeux à fixer les étoiles sous lesquelles les hommes ont voulu se battre et se combattre, je n'ai pas trouvé mieux, pour continuer.


[Pamela avait peur de savoir encore et que l'on sache encore à qui s'adresser pour dire : et puisqu'il semble falloir planter son couteau dans la chair la plus proche pour s'y accrocher ou s'y retenir, puisque la terre tourne, au moins faites que Nous ne plongions les lames que dans les plaies les plus ouvertes et les fissures les plus béantes, que Nous n'écorchions que les déjà geysers, que quelque part demeure quelque chose d'intact... ou qu'au moins derrière l'étoffe écorchée Nous voyions le salut quelque temps avant de voir une autre étoffe à écorcher.]


A: -Je n'aurais pas dû avoir à me dire qu'il était déjà trop tard.
B: -Il valait mieux ça que trop tôt.
A: -Mais trop tard pèse toujours beaucoup moins en politique, que trop tôt...
B: -Qu'est-ce qui pèse en politique ? Qu'est-ce qui fait tout son poids ?
A: -La masse ?
B: -Voilà. Ce n'est jamais la masse qui change.
A: -Mais il est toujours trop tôt pour la masse et trop tard pour le faire pour elle. On ne peut pas...
B: -Les laisser ?
A: -Je veux dire, il doit bien être possible que, quelque chose, advienne avant qu'il soit trop tard pour dire trop tard, on doit pouvoir...
B: -Faire quelque chose pour elle ?
Savoir ce qui est bon pour elle ?
Savoir et prévoir que ce que d'autres ont prévu doit nous conduire à empêcher de conduire l'homme à la négation qu'il dessine de lui-même ?
A: -Tu sais très bien que nous avons tous essayé de l'empêcher, que tous les hommes d'un peu de hauteur ont tenté de leur en faire prendre, que certains ont réussi !
B: -Y avait-il autre chose à créer que le confort ?
Attends, attends, cette autre question :
Qu'est-ce qui était le plus inévitable, que les hommes d'esprit se dressent, ou que les hommes d'esprit aient à se dresser ?


[Pamela avait probablement assisté à une révolution dernièrement ; du moins elle s'en assurait ; difficilement doutait-elle de ses doutes.]


B: -Pourquoi déjà et toujours devant l'homme faut-il que surgissent les souffrances et le soupçon de souffrance en forme de mondes à part, d'autres mondes ? Pourquoi toujours à l'homme apparaissent-ils certes pleinement présents jusqu'à définir toute la présence au monde, mais parallèles et furtifs et réfléchis par le trouble, et rebondissants sur les parois du trouble, comme des mondes croisant notre surface du multivers, indépendants des choses promises ? Sont-ils le germe la fin la racine et la raison de l'autre-chose ?
A: -N'est-ce pas parce qu'elle surgit et soudain-agit-toujours que la souffrance invite à penser son absence ? De la part de l'homme, n'est-ce pas une autre de ces prisons, guère moins forte que celles qu'il s'est vu se choisir, guère moins solide ou faible au fil des siècles des siècles ?
B: -Ou bien c'est, depuis et pour toujours, la solution, ou du moins, l'explication, et le seul éternel qui donne le nom d'homme.


[Il ne s'agit pas de mentir, mais d'infléchir la vérité, dans une direction qui nécessite un certain et précis savoir pour savoir qu'on l'a prise.
À son tour, l'ennui de tout retour en arrière – pour s'y loger, ou s'y comparer, ou s'y saisir – c'est cette tendance à accorder plus de réalité aux faits passés qu'aux volontés, aux volontés qu'aux mouvements, aux mouvements qu'aux idées, aux idées qu'aux impressions, aux impressions qu'aux sens ; et, de nouveau dans le présent, à retranscrire les faits passés en volontés, mouvements, idées, impressions, sens. (Certains poètes ont suivi des yeux ce fil de réalité, mais en ont déduit à tort qu'il fallait l'inverser.)]


A: -Je crois que l'homme est fait, je crois que l'on fait l'homme
Comme on fait la musique.
Je vois que l'homme est tout en nous, n'y échappent ni ce besoin de se (le) définir, ni cette incapacité à se (le) préciser durablement et crédiblement – aujourd'hui même peut-être plus que jamais l'homme est plus que tout en lui, il est tout en tout,
– rien ne s'y dérobe, il est la mesure et la trace de toutes choses, il est le fond d'être et de pensée, il est la futile présence, il est le jamais fui, ni dans sa négation,
– aussi pour le circonscrire dans un cercle à la fois général et singulier
Il faut jouer des notes, échos ou résonances, ou des vibrations possibles immédiates
Et s'accorder à dire ce qu'on en entend.
B: -Au-delà de toutes les mécaniques et musiques qu'on a pu lui dédicacer, l'homme n'a qu'un appel : celui du bonheur, et qu'un cri : celui de sa négation. Sur ces deux voix l'entièreté des maximes – formules de lettres, ou de chiffres ; de couleurs, ou de sens – se calquent, se fondent, s'unissent ; inconsciemment sans doute tout d'abord mais surtout par acquiescement.
A: -Vous autres hommes me dégoûterez, à tant vouloir vous mentir.
B: -Jusqu'à ce que tu aies la – une ? – solution, tu restes un homme.
A: -Il n'y a pas... d'exorcisme. Où voulez-vous en vieillir ?
B: -Il y a toujours Dieu, à la rigueur.
A: -À la rigueur. Et après ?
B: -Il y a la science, sinon.
A: -À mon âge déjà on lui ôtait son sens, pour lui laisser le pouvoir.
B: -Il y a toujours la nature.
A: -Tu m'aurais dit l'ennui, passe, mais... Je ne sais pas, on l'encensa, on l'a perclue, et moi je ne suis jamais parvenu à y croire sincèrement, à cette nature toute-puissante et assez petite pour être plus faible que l'homme.
B: -Mais plus forte que les hommes.
A: -Ou le contraire.
B: -Ne joue pas avec les mots.
A: -Je n'ai jamais su qui était le plus fort. L'homme ou les hommes.


[Pamela se rasseyait parmi les novationnaires, ou leur chant : était-ce elle qui créait les visages dans la masse ?, elle en faisait encore un monde ?]


A: -Il n'y a que deux attitudes.
Celle qui ne voit le choix qu'entre le suicide et la trahison
et celle qui ne le voit qu'entre l'abandon dans l'espoir, la culture de l'espoir, et la sélection hiérarchisée rationnelle d'un espoir.
Il n'y a que ces deux attitudes chez l'homme.
Les hommes qui ne les comprennent pas ne méritent pas d'être en l'homme.
B: -Et cependant, tu leur accordes tant d'excuses... Comment fais-tu pour atténuer autant les maux que produit l'homme, tout en les jugeant aussi généralement fautifs ?
A: -Oh, un paradoxe comme un autre... Les reclus des hauteurs ont souvent vécu de n'avoir pas appliqué aux figures singulières des jugements trop justes découlant des figures devenues générales... et puis,
Ils ont dû aimer, eux aussi...


[Quand on aime on évite, on peut éviter d'espérer]


A: -Ils disaient :
Je ne vois pas très bien pourquoi tu tiens à ce que la révolution te possède et t'emploie.
Je répondais que cela était préférable au contraire, à l'emploi par le contraire, et ils disaient :
B: -« Qu'est-ce que ça change ? »
A: -Je disais tout, que c'était le seul choix de vivre, et ils rétorquaient :
B: -« C'est faux, ce n'est qu'un autre choix d'horizon. Le seul autre choix d'horizon, peut-être, probablement le seul autre choix de choix de vivre ; mais les vivre se ressemblent. »
A: -Je disais que non, ce n'était pas possible, qu'il devait y avoir un être à devenir, une irressemblance à trouver, que les horizons étaient comme les soleils et qu'on devait pouvoir en profiter.
B: -Et ils te disaient que tu comprenais déjà par leurs paroles que tu savais déjà qu'ils avaient raison et qu'il s'agissait simplement pour toi de croire en l'histoire, encore, et de tracer vers l'horizon ton chemin singulier mais acquiesçant.
A: -Et je m'arrêtais là.
B: -Et tu t'arrêtais là parce que tu pressentais que tout n'avait pas été dit, et qu'il restait quelques objections, mais que les formuler les dissiperait, alors, juste avant, tu les ressipais et tu formalisais les volutes, avec d'autres, dans ce que pour l'instant on pouvait en atteindre – croyant vraiment en ce « pour l'instant », se sentant soi en cet instant, et prouvant par là que tu y voyais...
A: -...un instant précédant d'autres instants à la suite.


Et nous affichions :
Rétorquez tout votre soûl, ils vendront mieux vos prières,
Et nous leur criions :
Étranglez étranglez étrangez vos mots dans leurs gorges,
Sortez-les-en, mâchez-les-en,
révérenciez-les-en
vous ne pouvez pas leur laisser les mots les plus forts

IL FAUT BOULEVERSER TOUS LES RAPPORTS DANS LESQUELS LES HOMMES


LA SILENCIEUSE : -Je suis La Silencieuse.
Je suis le silence qu'on n'entend qu'à reculons.
Je suis le silence éternel de ces consciences innombrables.
Je suis l'agonie du pardon que l'homme s'est pu laisser aller à se laisser à lui-même.
Je suis le cri des clous du christ qu'on avait persuadés d'empoigner la lisière.
Je suis derrière le temps perdu, et l'envie de le retrouver.
Je suis le plongeon dans la suite des plongeons qui t'ont fini.
Je suis la flèche et l'archée que tu as cru vendre et qui se fichent encore dans ton dos.
Je suis le fond de peur du réel qui occulte l'absolu de l'ironie que tu voudrais.
Je suis la boucle et le ressort de toute prophétie que tu formules un peu tard.
Je suis le fil où les perles irrégulières et les roides pierres s'enroulent et s'écoulent, laissées toutes échapper.
Je suis les prochains tournants des chemins.
Je suis l'assurance des autres horizons, les autres horizons assurés horizons.
Je suis le dessin des embrasures d'après.
Je suis ce que du souffle on sent la cessation bruire au rythme éternel d'écoeurants arrimages, blancs retours noirs de monde et de grisailles neuves.
Je sens la vie se plier, j'essaye la vie qui va ployer, je suis la vie qu'on voit dépliée.
Je suis la dernière des chaînes, le maillon salvateur et le ruban étrangleur.
Je suis le sens de la marche.
Je suis La Soif de liberté.
Je suis celle seule à la fois être et avoir, qui peut réveiller l'être en bannissant l'avoir, éveiller l'avoir en marchandant l'être, définir l'un par l'autre, j'ai comme manteau d'apparat l'engendrement de chacun par la clef de l'autre.


[Pamela murmurait Et cum vorandi vicerit libidinem/ Late triumphet imperator spiritus, et cum vorandi vicerit libidinem late triumphet imperator spiritus, etcumvorandiviceritlibidinemlatetriumphetimperatorspiritus et et et etcumvo r a n d i i i mais peine perdue car l'espoir chantait toujours avec elle]


LA SILENCIEUSE : -Et in arcadia ego. Et arcadia sum.
Regardez moi moi qui me convulse à vos pieds à vos dents à vos tranches de vie
Regardez les laids qui se révulsent au spectacle de mon corps moi nue lame luisante de non nuit
Comme une lueur au bout d'une chute
Regards délabrés de fruits de nos entrailles rapidement trop eux mêmes pour être de nous
Que moi même nue lame je ne voudrais pas
Qu'on voie comme étant de mes viscères moi vie.

Je suis morte de trop signifier.
Et in arcadia ego.


samedi 2 août 2008

ceci qui est le plus informe (textes pour blog)




La littérature ne parle pas assez de la flemme. Elle parle de la paresse, du dilettantisme ou du vide artistique, mais je ne me souviens d’aucun texte traitant de cette impuissance à agir, malgré la volonté, malgré les capacités, un blocage handicapant nos aspirations les plus urgentes et opérant d’une origine qui nous échappe. J’ai dû combattre une terrible flemme pour écrire cet article. D’ailleurs en relisant mes anciens écrits je constate que mon absurde difficulté est devenu un thème constant, parfois d’ailleurs utilisé comme excuse au bâclé, à l’inachèvement ; sur ma tombe il aurait été écrit : « Jean Misslin, l’homme qui avait la flemme » si besoin il y avait d’une excuse pour mourir. Et pour vivre ? Tout aurait été plus simple avec une réelle paresse, instrumentalisée, stylée dans un élan dandy au risque d’échec minime. Actuellement j’écris pour ne pas filmer, je photographie pour ne pas écrire (heureusement que j’ai laissé tomber le dessin). Si j’en avais les moyens, je filmerais pour ne pas photographier, ça corserait le tout. « Fair naître les jetées / Construire un labyrinthe / De toi comme une sainte / En jouant Prométhée ».

Ce qu’on ne sait pas, c’est que Prométhée était amoureux de son aigle tortionnaire, la flèche dévorante, amoureux le torse dressé vers la combustion, l’attrait spectrale de la pourriture bataillenne, de ce rayon du soleil... Et autour de moi et de mes épouvantables conflits, le monde semble tourner : une femme s’est fait incruster un anus artificiel par erreur de l’hôpital, un homme va en prison pour avoir demandé à des passantes de lui cogner les burnes.

Il se passe souvent énormément de choses en mai. C’est comme si le monde, cet écolier, se pressait avant les vacances, qu’il avait attendu les derniers jours pour se déchaîner avant le sommeil d’été. D’abord il y a eu Explosions in the Sky, concert non-mémorable, et puis le prototype Angels in America, et les superbes ballets d’Agamatsu où il me fallait me pincer pour ne pas m’endormir, Kronos Quartet et Orestie, que je n’ai pas vu, Cannes et Desplechin, les 50 ans de ma mère, les sites SM de mon père, Sophie Calle, camion, l’assistanat à la réalisation sur un court métrage. Je semble avoir repris les vieilles habitudes d’oisiveté, lorsque me retrouvant sans identité précise puisque sans travail ni études je devais prendre celle de la Kultur, un être-film, un être-expo, un être-théâtre. Et quoi d’autre encore, Animal Collective. Il doit bien s’agir du groupe le plus attrayant de notre époque. Une sorte de fil tendu vers une direction dont on ignore l’extrémité, sur lequel a poussé des ornements, transgenres nés de l’union de la pop et de l’expérimentale, de la nature et de la technologie, du désordre et de la pureté ; des supports pour ne pas tomber du fil se faufilant entre nos organes maintenant leur éveil, comment dire, du néo-psychédélisme peut être. Tout au long de leurs compositions c’est cette impression de naissance constante, des notes les yeux écarquillés sur des paysages mouvant, et la tentation d’y tomber. On se tient en équilibre en se délectant de la possible folie d’une chute (le rêve des anges, le rêve du corps). Le Paradis selon Animal Collective a quelque chose d’infernal, ça m’a rappelé Jérôme Bosh, du bonheur dans la métamorphose, contre-nature, comme une profanation. Le sacré se trouve dans le difforme, dans ce qui n’est pas définis ainsi que la frénésie d’une danse la pulsation viscérale que peut causer un accord de notes. Le public avait l’air d’une communauté adorant leurs gourous, la tripante harmonie de leurs sécrétions musicales, de leur sève en offrande et les jeux de lumière et de signes, une messe païenne –la comparaison peut paraître ridicule mais elle est frappante sur scène, je pense notamment aux cris des plus fervents admirateurs, inutiles au premier abord, qui ne sont rien d’autre que des rituels d’appartenance à une croyance religieuse. Des cris bêtes, de bêtes, comme une réponse. La vision musicale d’Animal Collective est toute dans cette bêtise, dans cette extraction vers la roue libre vers l’univers où Dante ignorant se laisse guider ; sa vision, sa prouesse, toute dans la capacité à trouver l’illumination par le biais même de la régression hébétée de ses mélodies.
Ils n’ont pas chanté Unsolved Mysteries, ni Chores (Corps ?), dommage. Dans la salle nous devions être 5 à fumer, un d’entre nous s’est fait prendre ; les autres, tous des collabos.





C’est une question que je me pose depuis un certain temps : peut-on pardonner à un non-fumeur ?

Dans certains cas c’est envisageable. Mais, comment aborder l’abjection de cette répression anti-tabac qui finit par s’en prendre jusqu’à la représentation des clopes dans des œuvres ? A la télévision française on compte l’interdire (suivant comme d’habitude le modèle américain), à moins que ce ne soit déjà fait. Dans les exemples que j’ai en tête, il y a aussi l’affiche de Control, où la cigarette avait finit par être gommée de Ian Curtis’s bec. Mais surtout, surtout parce que bien plus symbolique, j’ai pu assister hier à un blasphème particulièrement traumatisant : dans le film Sex and the City, plus une cigarette entre les doigts de Carry B. Elle était la plus grande fumeuse de la télévision, nous l’aimions avant tout pour ça, et maintenant, quoi ? Il n’y a guère plus que Samantha pour oser porter un cigare à la main, sauf que, attention, pas une fois on ne la verra le porter à la bouche. Samantha est une femme qui baise les hommes, mais pas le système, pas Hollywood (contrairement à Sharon Stone dans Basic Instinct), n’exagérons pas. D’ailleurs le film est une véritable merde. Une « ode aux personnages» ainsi que le disent les inrocks, au points de ne ressembler qu’aux défauts de ses héroïnes : pudibond et débile comme Charlotte, moche et guimauve comme Carrie, ennuyeux et larmoyant comme Miranda, gros et aseptisé comme Samantha. Une série qui aurait fait un lifting, et qui aurait mal tourné dans un visqueux claquage de chair. Je ne me suis jamais senti aussi sale en sortant d’un cinéma.
Je dois cependant le remercier de m’avoir fait comprendre à quel point la série était nulle, nulle puritaine et normative à peine rattrapée par le visage passionnant de Miranda et les quelques bonnes répliques de Samantha. Sex and the City s’est depuis son commencement vendu comme étant la série provoc par excellence, brisant les tabous sexuels et délivrant enrobée de chaussures Chanel sa charge politiquement incorrect. Une simple vision montre qu’il n’en est rien. Le principe de la série consiste en une suite de mésaventures que subissent les quatre célibataires new-yorkaises et qui sont sensées broder un panorama de toutes les équations sexuelles et sentimentales possibles. Pour le déclenchement narratif de chaque épisode, l’accroche, il faut donc que les éléments extérieurs surgissant dans leur vie soient étrangers à une norme représentée par Carrie (la gentille fille fashion en recherche d’amour). Une confrontation à d’autres sexualités, à d’autres choix sentimentaux, confrontation en fait proposée qu’en vue de la glorification des choix de Carrie –l’amour, hétérosexuel, position du missionnaire, fidèle, avec mecs riches et plus âgés, et, dans le film, mariage, engagement, émerveillement de l’ornement nuptial. Le reste n’est que perversion et misère. Le fétichiste du pied est un grotesque pétomane. Le sado-maso est à fuir au plus vite. L’amateur de sexe public ne peut forcément baiser que dehors, prisonnier de sa débauche. Les bisexuels n’existent pas ou alors, si on en trouve, ce sont comme « des personnages d’Alice au pays des merveilles », un « effet générationnel » autarcique et désordreux sorti d’on ne sait où. Les homosexuels sont de grosses tarlouzes incapables de baiser avec des filles et les amateurs d’anulingus, limités à leur pratique de l’anulingus. Dans le film, le mec portant des chaussures de fille ne peut être rien d’autre qu’un élément comique. Chaque cas est défini, entravé, limité à lui-même ; les mélanges inattendus et incertains (de sexe, de sexualité, ou d’âge) sont des impostures et les déplacements de pulsions sont tournés au ridicule. Sex and the City est la série de la clarté sexuelle comme moyen de stigmatisation au profit des clichés du romantisme le plus mercantile : « Le diamant viendra après » dit Mr Big, se rattrapant à la fin du film de l’erreur du début, une proposition de mariage dans la cuisine (seule scène réussie) dont l’absence de miel entraîne le mauvais karma de la suite. Le géant placard à chaussures est largement préférable. S’ils pouvaient y rester.
Mes détracteurs me citeront les tirades anti-mariage de Miranda et de Samantha. Mais ce serait oublier que la première finit par se marier et que la seconde ne peut s’empêcher de verser sa larme devant l’horrible choucroute blanche de Carrie. Toute opposition aux roses clichés de l’amour de gare, dans Sex and the City, s’annule par la suite. Le but est de convaincre en douce le spectateur par une progression toute en clinquante séduction. Il DOIT s’identifier à Carrie, ce n’est pas un choix mais un ordre, et toute personne non-conforme est un pervers aigris.



Dans une moindre mesure, cette question des déterminations sexuelles selon Hollywood m’a fait penser à David Cronenberg, qui en réalisant Les Promesses de l‘Ombre a pris dans son cinéma et au cœur même de ses problématiques une direction radicalement différente. L’ensemble de l’œuvre de Cronenberg consiste en une vaste exploration du paysage corporel et de sa confrontation avec un environnement/domaine donné, constitué des éléments témoignant de la révolution organique esquissée par la fin du XXème siècle. En filmant l’étendue des nouvelles expériences transformatives qui nous est offerte, drogues sciences univers virtuel technologie chirurgie, il institue l’idée du dépassement même du corps, de l’organe fonctionnel, au profit d’un espace vierge attendant la défloraison ; un cinéma post-corporel donc, post sexuel par extension.
Les Promesses de l’Ombre est le dernier film de Cronenberg, et, on peut aisément le reconnaître, un polar dans la plus pure tradition hollywoodienne -encore plus qu’History of Violence. Ses acteurs sont des stars bankable, sa réalisation bien plus aseptisée que d’ordinaire, moins classieuse, moins sombre, parfois authentiquement vulgaire (la danse des putes), et, pour la première fois, provoquant un questionnement des sexualités selon leur définition, avec des termes moraux. Les meilleurs films de Cronenberg, Videodrom Faux Semblants Le Festin Nu Mr Butterfly Crash, sont des excursions sexuelles dont le moyen tout comme le but sont un flou, l’incertitude des objets de désir. Le plaisir dans la douleur, dans un univers virtuel où les télévisions se font fouetter / coucher avec Jeremy Irons, ou avec Jeremy Irons ? / avec un garçon, une fille, un mogwup ou autre insecte déguisé en humain ? / avec Mr Butterfly ou avec Mme Butterfly ? / avec un garçon, une fille, leurs cicatrices, une voiture, ou son accident ? Jamais ces films n’abordent le traitement psychologique ou psychanalytique, de sorte que sans distance ils font chair avec leur sujet (alors que le Crash de Ballard, souffrant des limites de la littérature, nous bombarde d’explications). On ne parle plus de film sur une pulsion, mais d’un film-pulsion, avec toute l’absence de considérations morales que cela implique. Je ne me lasse pas de revoir ces sommets, il me semble, illustrations des recherches lacaniennes quant à la chair qu’on ne voit jamais, le fond des choses, l’envers de la face, du visage, les sécrétats par excellence, la chair dont tout sort, au plus profond même du mystère, la chair en tant qu’elle est informe, que sa forme par soi-même est quelque chose qui provoque l’angoisse. Vision d’angoisse, dernière révélation du tu es ceci – Tu es ceci qui est le plus loin de moi, ceci qui est le plus informe.
Les Promesses de l’Ombre prend ce parti pris à revers. Il s’agit du seul film où la définition des sexualités a un rôle primordial, l’hétérosexualité puissante et glorieuse de Viggo Mortensen, l’homosexualité refoulée et veule de Vincent Cassel, la guerre que l’abordage de cette identification provoque. Si l’on considère l‘œuvre de Cronenberg, ces conflits entre mafieux causés par une rumeur quant à l’homosexualité de Cassel rentrent dans la logique de sa problématique, la chute venant de l’absence d’ambiguïté -ainsi que dans Mr Butterfly, lorsque John Lane se révèle n’être qu’un homme, et non la créature fantasmée par Irons. Mais, à la différence de ce film, Les Promesses de l’Ombre est de toute sa matière tournée vers Hollywood, et la chute n’est plus un lieu d’expérience mais une balance qui permettra de déterminer le bien du mal. Au final, on apprend que les putes sont des esclaves et que le véritable crime du grand méchant, entraînant sa condamnation, est d’avoir baisé une mineure, on apprend, que si Cassel finit en épave c’est parce qu’il succombe à ses penchants invertis et que si Mortensen embrasse Watts c’est parce qu’il est bon et fort et qu’elle est un peu gourde. On avait connu Cronenberg plus vigoureux. Dans un entretien qu’il accordait à Yann Tobin (Positif 425/426), il disait : « Un problème que pose le politiquement correct est l’obsession de la surface, de la symbolique apparente ». Les Promesses de l’Ombre est pourtant un film sur la recherche de la surface, de ses thèmes composants, et de sa cinématographie sous le prisme du nouvel Hollywood de par son ambition de filmer ces ombreuses promesses, celles d’être mises en lumières.
Reste la virtuose et chirurgicale perfection de la scène du hammam, combat de spartiates, implacable, «cronenbergien » reconnaîtrait-on enfin, dont le jeu consiste à découvrir l’éprouvante dégradation du sur-corps, sa vulnérabilité après la sacralisation, l’effroi maîtrisé de sa nudité face au tranchant des armes.

J’avais écrit cette suite pour blog fin mai, début juin, et je le diffuse maintenant. Entre temps on m’a volé mon sac où se trouvait un nombre essoufflant de notes, d’écrits divers. Cette disparition me rempli d’effroi, moi qui me suis toujours refusé à vivre avec la permanente crainte de la perte, ou pire, de la malfaisance d’autrui. Il n’y a rien de plus médiocre et mesquin que la paranoïa. J’avais laissé le sac à 30 cm de moi, ce n’est rien, 30 cm, on ne peut même pas appeler ça de l’inconscience. Ca me rappelle, j’avais connu quelqu’un qui se vantait d’avoir une queue de cette même taille, ou comment l’absence se transforme en présence. Mais j’ai du mal à voir à quoi peut servir une bite aussi gargantuesque. Un radar de la NASA ? Un tuyau d’arrosage ? Voilà qui plairait à cette merde de Jeff Koons. Et puis, autour de moi et de mes épouvantables conflits, les pompiers manifestent pour dire qu’ils ne sont pas fumeurs, et puis, au loin, les phoques manifestent pour dire qu’ils ne sont pas pd. Tant pitre pour eux, dirait Nadja. On aimerait écrire des Textes-Cathédrales et on se retrouve dans les toilettes du Reflet à rédiger ce qui deviendra au mieux la partie d’un Carnet de Jeunesse au pire un ectoplasme de blog, en
comptant ses sous pour la prochaine bouteille
se frottant les yeux comme s’ils étaient la lampe d’un génie endormi
se demandant si sous la cuvette se cache bien l’enchantement d’un grand bleu céleste


Sortir, la chaleur est revenue et le désir traînant des pieds facile à rattraper.


(de nouvelles illustrations plus tard)

jeudi 24 juillet 2008

Working Class Hero


Georges Seurat, la Seine à Courbevoie


Le projet de loi "Droits et devoirs des demandeurs d’emploi" veut imposer aux salariés au chômage une mesure inadmissible : ils seraient obligés, sous peine de perdre leur allocation, d’accepter une offre d’emploi dite "raisonnable"… cette mesure vise à faire croire que les chômeurs seraient responsables de leur chômage et surtout les empêcher de choisir librement les conditions de leur emploi. Ce projet de loi s’inscrit dans une attaque globale contre les droits des salariés, en poste ou au chômage: suppression des 35H, recul de l’âge du départ à la retraite, destruction du code du travail, …

jeudi 3 juillet 2008

Money


Les 16 milliardaires français pèsent 72,2 milliards d'euros en mars 2008, un chiffre en hausse par rapport aux 69,7 milliards d'euros de l'an dernier (http://www.lefigaro.fr/votrepatrimoine/2008/07/01/05010-20080701ARTFIG00478-les-milliardaires-francais-prosperent.php).

Par comparaison, le trou de la Sécurité Sociale est prévu être 8,8 milliards en 2008. Fillon dit que les caisses sont vides... il y aurait de quoi les remplir. Mais Sarkozy a augmenté leur bouclier fiscal en juillet 2007 pour limiter leurs impôts.

Pauvres riches!

vendredi 27 juin 2008

Les Médias lyrics


Un état dictatorial commence au moment où il muselle les médias.

samedi 21 juin 2008

Ballade Irlandaise



Le peuple d’Irlande dit NON au Traité de Lisbonne, pourtant l'UE et sa future présidence vont bafouer la souveraineté des peuples.
C’est évidemment avec joie que nous avons accueilli le NON du peuple irlandais au traité de Lisbonne. Seul pays où le référendum ne pouvait être interdit car il est inscrit dans sa constitution.
Les gouvernements de la France et des Pays-Bas, dont les peuples avaient dit NON au TCE en 2005, eux, se sont détournés de leur peuple et ont décidé de déléguer l’adoption du Traité de Lisbonne à leur parlement, comme toutes les autres nations de l’Union européenne hormis l'Irlande.
Ainsi, une fois encore, lorsque le peuple est appelé à se prononcer il rejette un traité européen.
On pourrait donc en conclure que ce NON venu d’Irlande remettrait en cause l’adoption de ce traité dit « simplifié ». Pourtant ce n’est pas ce qui va se produire.
Il faut se souvenir qu’en 2001, le NON irlandais au traité de Nice n’avait pas empêché l’adoption du texte original, tout comme le NON Danois de 1992 n’avait pas arrêté la marche du traité de Maastricht et que le NON Français au TCE en 2005 n’a pas été respecté le 4 février 2008 au Congrès, par une majorité de parlementaires français.
Ainsi, cette fois, la trahison du peuple a-t-elle été anticipée, organisée préalablement. Le 20 février 2008, le Parlement européen approuvait le traité de Lisbonne. Les grands médias n’ont pas omis de le faire savoir. Mais ils ont omis de dire que le 13 février 2008, le député européen Francis Wurtz avec d’autres députés européens de la Gauche Unitaire Européenne , avaient déposé un amendement demandant que le Parlement européen « s’engage à respecter le résultat du référendum irlandais » sur le traité de Lisbonne.
Le bal des hypocrites : une union sans principe contre les décisions populaires
Lors de la séance plénière du Parlement européen du 20 février, cet amendement (32) a été rejeté à 499 voix contre 129. Et ce, en contradiction flagrante avec la résolution sur le traité adoptée au même moment qui stipule que « les députés se félicitent de l’accroissement de la responsabilisation démocratique » permettant aux citoyens « d’avoir un plus fort contrôle de l’action de l’Union ».
499 députés européens ont voté CONTRE l’amendement 32.
Les 4 députés de gauche européens de nationalité française qui ont sauvé l’honneur et respecté la décision du peuple français du 29 mai 2005 sont :
Au Parti Communiste : Hénin, Jouye de Grandmaison, Wurtz Au Parti Socialiste : Laignel
Les 46 députés européens de nationalité française qui ont osé voter CONTRE cet amendement sont :Centristes (MoDem et Nouveau Centre) : Beaupuy, Cornillet, Fourtou, Gibault, Griesbeck, Laperrouze, Lehideux, Morillon.UMP et Divers Droite : Audy, Daul, Descamps, Fontaine, Fouré, Gaubert, Gauzès, Grossetête, Lamassoure, Mathieu, Morin, Sudre, Toubon.Ecologistes (Les Verts) : Aubert, Benahmias, Lipietz.Parti Socialiste : Arif, Berès, Bourzai, Carlotti, Désir, Douay, Guy-Quint, Hazan, Le Foll, Lefrançois, Navarro, Neris, Patrie, Peillon, Poignant, Pribetich, Savary, Schapira, Vaugrenard, Vergnaud, Trautmann, Weber.
Lors du débat parlementaire du 20 février, la députée européenne irlandaise du Sin Féin, Mary Lou McDonald (GUE), a interpellé ses collègues : « Il y a clairement une peur des référendums dans les autres Etats et je me demande pourquoi. Pourquoi alors parle-t-on tant de démocratie ? Qui ici a peur de la voix du peuple ? ».
La France prend la présidence de l’Union et va « se couper du peuple »

Nicolas Sarkozy, président de la République française, assure la présidence de l’Union Européenne à partir du 1er juillet 2008.

Le 9 mai 2004, il s'exprimait ainsi à la Convention nationale de l'UMP : « A chaque grande étape de l'intégration européenne il faut donc solliciter l'avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple (...) Je le dis comme je le pense, simplement. Je ne vois pas comment il serait possible de dire aux Français que la Constitution européenne est un acte majeur et d'en tirer la conséquence qu'elle doit être adoptée entre parlementaires, sans que l'on prenne la peine de solliciter directement l'avis des Français (...) Je crains dans ce cas (vote parlementaire) une réaction d'incompréhension sévère de nos compatriotes. »

Le NON au TCE exprimé par une majorité du peuple français en 2005 lui aurait-il fait changer d’avis ? La présidence française de l’Union européenne aura-t-elle à faire face à une « réaction sévère de ses compatriotes ? »
Aujourd’hui, le peuple irlandais par voie de référendum vient de dire NON au traité de Lisbonne. Or, le Parlement européen qui est censé légitimer une souveraineté populaire européenne par l’élection de ses membres au sein des peuples qui constituent actuellement l’Union européenne, ne respectera pas le choix du peuple irlandais. Comment croire alors à sa légitimité démocratique ?
La Commission européenne ne respectera pas non plus le choix du peuple irlandais, trop occupée qu’elle est à ratifier un traité que les peuples rejettent quand la parole leur est laissée ?
Comme par le passé, une alliance politique, entre une partie de la droite et de la gauche, autorise donc l’Union européenne à déroger aux principes démocratiques les plus essentiels. Elle contournera le résultat du référendum irlandais, se référant au rejet de l’amendement 32 par le Parlement européen en février 2008.
Une fois de plus, l’Union européenne démontre son caractère anti-démocratique, la complicité des gouvernements de la majorité des pays qui la composent et d’une grande partie des parlementaires dont certains qui se prétendent de gauche.
Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que le principe même de l’Union bafoue la souveraineté populaire.
Cette répétition de la trahison de la voix populaire conduit de plus en plus de citoyens à poser la question de la sortie de l’Union européenne.
(ATTAC)